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BALAOO

Mme Roubion dit :

— Il est parti, ils ne reviendront peut-être plus ! Tout le monde ferait peut-être bien de s’en aller.

Tous jetèrent des cris : ils étaient bien d’accord pour ne pas quitter l’auberge avant le jour et surtout avant l’arrivée des gendarmes qu’on ne manquerait pas d’envoyer à Saint-Martin-des-Bois.

— Écoutez donc comme ils sont partis ! fit Mme Boche.

En effet, les coups de marteaux recommençaient. Le Maire se dressa à nouveau comme un héros qui marche à la mort, sans défaillance, et se dirigea vers la voûte. M. Roubion voulut le suivre encore ; mais, cette fois, Mme Roubion lui ordonna tout sec de rester auprès d’elle :

— T’occupe donc pas des affaires des autres !

M. Roubion se le tint pour dit.

Il sembla à tous que l’absence du Maire se prolongeait plus que la première fois.

Quand il revint, il était aussi pâle que les autres.

— Hubert m’a dit qu’il avait consulté ses frères, laissa-t-il tomber d’une voix blanche qui tremblait un peu. Tous trois sont d’accord pour massacrer tout ce qu’il y a ici, si on ne leur livre pas le docteur Honorat. J’ai répondu que nous étions armés et que nous nous défendrions et que nous ne livrerions pas le docteur Honorat.

Là-dessus, la troupe des brodeuses fit entendre des glapissements : « Elles n’avaient jamais eu affaire avec les Trois Frères et, si les Frères savaient qu’elles étaient là, ils les laisseraient sortir sans leur faire de mal, bien sûr !… Elles ne voulaient pas rester dans l’auberge ! On ne savait pas ce qui allait arriver !… Puisque les Trois