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BALAOO

otage. À quoi Balaoo demanda ce que c’était qu’un otage.

Mais l’autre n’eut pas le temps de le lui expliquer : la charmille, à côté du groupe, s’entr’ouvrit, et la figure éveillée de Zoé apparut, le nez joyeux. Elle regarda autour d’elle, vit que tout était en ordre et tomba dans le cercle comme une sauterelle. Elle était quasi nue avec trois loques sur la peau.

Balaoo la regarda avec un air de mauvaise humeur :

— Qu’est-ce que tu as fait, lui dit-il, de la robe de l’Impératrice ?

Zoé rougit et tenta de ne point répondre.

Mais Balaoo grogna encore, obstiné :

— Qu’est-ce que tu as fait de la robe de l’Impératrice ?

— Je l’ai serrée, finit-elle par expliquer. Je ne veux pas l’abîmer, ce n’est pas une robe de forêt.

Woop ! Woop ! (je t’en prie ! je t’en prie ! dans la langue singe-anthropopithèque. Ainsi Balaoo, devant les Trois Frères et leur sœur, se plaisait assez souvent à leur montrer qu’il parlait les langues étrangères) Woop ! Woop ! je te dis, moi, que je ne veux pas te voir toute nue comme une bête. Tu me dégoûtes, Zoé ; mets ta robe, ou je m’en vais, foi de Balaoo !

Zoé disparut sous la charmille, et, cinq minutes plus tard, réapparaissait avec, sur le dos, la magnifique robe blanche. Les frères, qui n’étaient pas au courant, poussèrent des cris de joie et ne ménagèrent point les témoignages de leur admiration. Hubert, de voir sa sœur en impératrice au milieu de la clairière de Moabit, n’en pouvait plus de rire. Et Siméon et Élie, les deux albinos, se claquaient les cuisses. Zoé allait et venait, indifférente comme une reine.