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BALAOO

la porte de son pas tranquille. Quand il fut sur le seuil, il se retourna :

— Je vas retrouver les frères ! dit-il… À propos, je reviens du tunnel ! J’ai vu le dégât ! C’est un sacré gredin qui a fait le coup ; je le dirai à Élie et à Siméon tout à l’heure. Faudra bien tout de même qu’on trouve le bougre qui nous fait des coups pareils. La vie n’est plus tenable pour les honnêtes gens !

Et il disparut sous le trou noir de la voûte.

Aussitôt la salle se vida comme si le départ de l’homme eût rendu à tout ce monde la liberté des mouvements — ce dont chacun profitait pour fuir un endroit où pareille visite pouvait se renouveler.

Roubion et sa femme, aidés des domestiques, fermèrent les portes avec grand soin, celle de la voûte et celle du cabaret donnant directement sur la rue.

Il ne resta plus, dans la salle, que le jeune Patrice à qui les patrons avaient souhaité bonne nuit. Cependant, bien qu’il fût seul, en face de son billard, il entendait du bruit à côté de lui. Il se rendit compte que quelqu’un se déshabillait dans l’office dont la porte était fermée, mais qui communiquait encore avec le cabaret par la petite fenêtre restée ouverte du « passe-plats ». Et il reconnut tout de suite la voix du commis-voyageur qui, penché à cette ouverture, lui disait « Bonsoir, monsieur Patrice ! Si vous avez besoin de quelque chose, vous m’appellerez par là !… Hein ! on se croirait à confesse !… »

Tous ces détails ne devaient plus jamais quitter la pensée de Patrice, mais alors il n’en soupçonnait pas l’importance.

Il répondit poliment à Blondel et se hissa sur le