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BALAOO

avaient vu les hommes enfumer les trous. Jamais on n’avait aperçu tant d’hommes à la chasse, surtout la nuit. Personne ne savait ce que ça voulait dire ; mais c’était bien inquiétant, ils avaient beau se cacher, ils avaient compter sans la lune, et on les voyait se glisser comme des serpents dans les herbes. Bt puis, on les sentait de loin, car le vent arrivait en plein de Saint-Martin-des-Bois.

Tout ça, c’étaient d’utiles renseignements à donner aux Trois-Frères : Balaoo les leur transmit. As eut le droit, lui aussi, de s’asseoir en rond dans un coin de Moabit ; mais il choisit le coin opposé à celui de la famille Dhole avec laquelle il était en mauvaise intelligence. As n’avait pas de famille. Depuis qu’il était au monde, il faisait le garçon.

Au milieu de Moabit, Élie, Siméon, Hubert, Zoé, Balaoo palabraient. Ils étaient tous d’accord pour trouver que ceux de la Race qui se servaient de la parole pour mentir et transgresser des serments étaient plus méprisables que la vache de la prairie qui ne savait que se laisser traire par des mains mercenaires.

À ce moment, une famille de chevreuils à trois pointes, le père, la chevrette et leur petit broquart vinrent du côté opposé à Saint-Martin. Ils s’arrêtèrent au bord de la clairière sur leurs pattes frémissantes, ne sachant plus où aller, montrant déjà l’écusson blanc sous la queue, tournant casaque à cause des hommes. Mais, de quel côté fuir ? Des hommes, il y en avait partout ! Balaoo les siffla et ils grelottèrent de terreur pendant qu’il allait à eux avec de douces paroles. Il aurait voulu les interroger, eux aussi, mais il n’en eut pas le temps. Il y eut un grand bruit lointain qui s’approchait. Toute la forêt paraissait froissée