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CHAPITRE III

à la noce


Le jour des noces, Patrice, depuis huit heures du matin, était en habit de soirée et cravate blanche. Comme il n’avait plus rien à faire dans sa chambre, il en sortit ; mais, sur le palier, il trouva Gertrude qui le pria poliment de rentrer chez lui, en lui annonçant la visite de « Monsieur ».

Coriolis ne tarda pas à arriver, et la première chose qu’il fit fut de railler avec âpreté la tenue de Patrice. Il l’appela « marié de village » et le pria de passer une redingote ou une jaquette, s’il ne tenait pas absolument à ce que les gamins de Paris ne criassent « à la chienlit » sur son passage. Il ajouta que c’était bien assez de cette mode stupide qui imposait aux jeunes filles du vingtième siècle de se déguiser encore pour aller à l’autel en vierges antiques marchant au sacrifice : bref, il trouva prétexte à écouler son humeur qui, depuis quarante-huit heures, était exécrable.

Le jeune homme enleva son habit, mais, en bon clerc de notaire de la rue de l’Écu, garda sa cravate blanche.

Il était résolu à ne plus s’étonner de rien ; une fois pour toutes il avait mis sur le compte du chagrin désordonné de Coriolis qui allait perdre son enfant (car Patrice espérait bien, autant que possible, ne pas la lui rendre) les