Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
BALAOO

rebuffades odieuses dont il était l’objet de la part de son futur beau-père et aussi tout le curieux mystère, toute l’incroyable discrétion qui, jusqu’alors, avaient entouré les préparatifs de la cérémonie.

Depuis deux jours qu’il était chez son oncle, Patrice à la veille de ses noces n’avait pas encore vu un ruban, aperçu un paquet, un carton à chapeau, une robe, une fleur.

Le bouquet, qu’il avait rapporté d’une de ses sorties, avait été saisi, dès son arrivée dans le vestibule, par les mains forcenées de Gertrude qui l’avait jeté, sans donner d’explications, dans la boîte à ordures.

Il excusa la vieille domestique comme il excusait le père. « Je leur enlève une perle, se disait-il ; quoi d’étonnant, après tout, à ce qu’ils ne me le pardonnent pas ? »

Au fond, comme il se sentait le plus fort, d’heure en heure, son humiliation goûtait une joie secrète et mauvaise à se faire plus petite, plus insignifiante à la pensée de la revanche prochaine.

Toutes les formalités avaient été remplies. Patrice avait déjà vu le notaire, le maire et le curé. Cependant, il avait, la veille, très peu vu Madeleine, et pas du tout Mlle Zoé ni le redoutable étudiant en droit. Mais l’absence, au repas, de Zoé et de Noël, ne lui pesait point. Il avait cru comprendre, à quelques phrases prononcées dans les coins entre Gertrude et Madeleine, que M. Noël avait pris la liberté de passer toute une nuit dehors et qu’il n’était rentré chez lui que vers les dix heures du matin, dans un état tel qu’il avait fallu le porter dans sa chambre où on le soignait depuis comme le fils prodigue de la maison.

Cette petite escapade ne semblait point avoir contrarié