Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
BALAOO

leine paraissait avoir retrouvé toutes ses forces. Ce fut elle la première descendue, et sans l’aide de personne. Patrice, stupéfait, la regardait : tout de même, elle était aussi blanche que sa robe.

Patrice exigea que l’auto attendît. Sur le trottoir, ils examinèrent le visage de la maison. Il était clos. Coriolis avait des clefs. On entra. Le jeune homme avait pris le bras de Madeleine presque de force. Il sentait trembler ce bras sur le sien. Elle avait peur !… Elle avait peur !… Alors pourquoi était-elle revenue ? Pourquoi avait-elle voulu revenir ? Elle dit tout haut après avoir écouté le silence de la maison : « Il n’est pas là !  » C’était donc pour lui qu’elle était revenue. Patrice souffrit atrocement, et ce pendant il ne doutait point que Madeleine ne l’aimât. Tous avaient l’oreille tendue vers le silence de la maison. La jeune femme, avec un soupir, dit encore : « Ils ne sont pas rentrés. Zoé lui aura fait peut-être entendre raison ! Mon Dieu, si elle avait pu le décider à faire un tour au Jardin d’Acclimatation ! » (Coriolis avait défendu, une fois pour toutes, à Balaoo, le Jardin des Plantes qu’il trouvait trop près.)

Gertrude dit : « C’est bizarre, je ne vois pas général Captain ! »

Justement, comme elle disait cela, général Captain apparut sur la dernière marche de premier étage.

L’oiseau-concierge avait un drôle d’air.

D’abord, il ne leur demandait pas « s’ils avaient bien déjeuné ». Il ne leur demandait rien du tout : il ne parlait pas, ce qui était tout à fait anormal pour général Captain. Et il balançait sa petite tête verte d’une façon régulière et désolée : « Général Captain a quelque chose ! » remarqua tout de suite Gertrude qui le connaissait bien.