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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/339

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BALAOO

une gouttière du musée de Cluny pour échapper au châtiment qui les attendait. C’est en vain que le sympathique conservateur de notre Musée national, M. Haraucourt, a interrompu son travail pour rechercher les délinquants. Ils avaient pu prendre la fuite par le truchement d’une gargouille du haut de laquelle un honnête homme se serait, vingt fois, rompu le cou. »

Le même jour, on lisait dans l’Observateur impartial, sous ce titre : « Tout le monde n’aime pas les cacaouettes » : « Si cette bonne pâte de contribuables qu’est le public parisien s’avisait de temps à autre de se faire justice lui-même quand il est à bout de toutes les vexations qu’on lui impose, la vie redeviendrait peut-être plus agréable dans notre chère capitale. Il y a quelques années, on pouvait encore s’asseoir à la terrasse d’un café sans être appréhendé par les marchands ambulants. Il n’en est plus de même, hélas ! aujourd’hui, et nous comprenons très bien que l’on devienne subitement enragé devant l’obstination d’un négociant en cacaouettes dont on a refusé vingt fois déjà la marchandise. Hier soir, au café Sarah-Bernhardt, deux jeunes attachés à la légation du Japon, las d’un supplice qu’on ne leur a sans doute point appris à supporter dans les rues de Nagasaki, ont carrément envoyé rouler dans le ruisseau un marchand de cacaouettes un peu trop entreprenant. Ce petit événement, arrivant dans l’entr’acte, avait causé quelque scandale, et déjà les représentants du préfet de police s’apprêtaient à verbaliser, quand les jeunes Japonais eurent l’adresse de disparaître avec une agilité de singes, s’accrochant à un tramway qui passait et grimpant à l’impériale, sans passer par l’escalier, à la seule force des biceps, sans doute pour prouver à messieurs les voyageurs de Montrouge-