Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
BALAOO

à Paris sur le compte d’un mystérieux clown dont les fantaisies, dénotant un esprit atteint de folie, risquaient de devenir dangereuses pour la population.

Et c’est à ce moment que la presse manqua de ce sang-froid auquel j’ai fait allusion en tête de ce chapitre et dont elle avait tant besoin, pour le communiquer à notre population, que les entreprises fantastiques et criminelles de l’insaisissable maharajab allaient exciter et troubler jusqu’au délire. La première « manchette », qui répandit l’émoi, était ainsi libellée :

Jeunes filles, ne quittez pas vos parents !

Elle (la manchette) surmontait un article où il était dit que le clown mystérieux qui marche dans les arbres avait été vu dans un marronnier des Tuileries (celui justement qui avait donné, cette année-là, la fleur du 20 mars), et qu’on avait des raisons de croire qu’il n’y était pas seul. Des personnes dignes de foi prétendaient l’avoir vu emporter, comme un sauvage, une jeune fille dans ses bras.

Mais cette première manchette (qui répandit l’émoi) n’était rien à côté de la seconde qui, elle, répandit la terreur :

Quatre jeunes filles disparues.

Un monstre, indigne du nom d’homme, les traîne par les cheveux dans les arbres, les emporte, comme une proie, sur les toits de la capitale.

C’est la Patrie en danger qui parut, à quatre heures de l’après-midi, avec cette manchette émouvante et tragique.

Les camelots qui affolaient la foule de leurs cris et de