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BALAOO

« Cette coïncidence des deux événements, la fuite des jeunes mariés et le scandale du boulevard Saint-Germain, nous donna fort à réfléchir. Le résultat de ces réflexions ne pouvait être douteux. Il modifiait légèrement la conception que nous avions eue d’abord de la fuite de Coriolis. M. Noël poursuivait la mariée ; nous pensâmes que le père avait couru après M. Noël pour en débarrasser sa fille. M. Coriolis devait craindre un drame ? Était-il arrivé à temps ? Les avait-il rejoints ? Nous nous sommes élancés sur ses traces, et aujourd’hui nous pouvons dire que malheureusement M. Coriolis est arrivé trop tard ! Il a retrouvé, sur une route du Bourbonnais, son gendre ; mais sa fille avait disparu, et dans des conditions épouvantables qui ont été certainement comme le prélude de tous les crimes, de tous les rapts dont gémit, aujourd’hui, la capitale !

« Ah ! la responsabilité de ce fou de génie qu’est M. Coriolis Saint-Aubin est véritablement effrayante, effrayante devant l’histoire, devant la science, et devant la justice !

« Si nous prononçons ce dernier mot de justice, ce n’est point qu’il nous appartienne d’attirer les foudres de Thémis sur un homme qui a cru accomplir une grande œuvre ; nous ne faisons là encore qu’acte d’information. M. Coriolis Saint-Aubin est en ce moment sous les verrous ! Il s’est constitué prisonnier, il y a deux heures ! C’est sur sa prière que nous l’avons conduit nous-mêmes devant notre nouveau Préfet de police, M. Mathieu de la Fosse !…

« On connaît le fauve, on connaît le dompteur ; il ne s’agit plus, espérons-le, que de les mettre en face l’un de l’autre. Mais qu’on prépare la cage ! la cage dans laquelle on enfermera le nouveau minotaure qui, puisqu’il parle