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BALAOO

instrument pour cela) les cent mille années de conscience nécessaires à mon anthropopithèque, pour qu’il se promenât sans danger parmi les hommes… sans danger qu’il commît des crimes inconscients… car, pour les autres, monsieur le Préfet de police, les hommes s’en chargent !… »

« Sur ces mots, qui furent accompagnés de larmes et d’une grande crise de désespoir, M. le Préfet de police posa les questions les plus précises à M. Coriolis Saint-Aubin, et celui-ci lui répondit de telle sorte qu’il n’est plus possible de douter de la nature du monstre auquel nous avons affaire !

« Dans ces conditions, il a été décidé que toutes mesures seraient prises pour s’emparer de Balaoo, coûte que coûte, mort ou vivant !…

« Les instructions, sur ce point, donnent plein pouvoir à M. le Préfet de police.

« Nous devons cependant enregistrer le désir exprimé par M. le Ministre de l’Instruction publique et aussi par M. le Ministre de l’Agriculture que le monstre fût, autant que possible, capturé vivant, l’étude d’un pareil phénomène devant être des plus attachantes pour la science universelle. »

Suivait une note, émanant, celle-là, directement de la Préfecture de police, et faisant entendre qu’après toutes les recherches auxquelles les agents s’étaient livrés dans tous les coins de la capitale pour retrouver au moins la trace des jeunes filles emportées par le monstre, bien peu d’espoir restait d’en découvrir, par le plus grand des hasards, même les cadavres. Ce mot sinistre n’était pas prononcé, mais on l’entendait derrière les lignes de la communication officielle. On avait tout fouillé, tout, jusqu’aux égouts ! Le monstre avait-il donc pris les jeunes filles pour les manger ?