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CHAPITRE II

la plus étrange piste du monde


On est matinal au village. Ce matin-là, les habitants de Saint-Martin-des-Bois mirent le nez à leurs fenêtres plus tôt encore que de coutume. Ils avaient hâte de savoir au juste la cause de tout le tumulte de la nuit. Ils eurent tôt fait d’apprendre l’attentat du pont de la Cerdogne, et déjà on s’interpellait de porte en porte quand on vit courir comme un fou, du côté du cours National, le grand Roubion. C’est en vain qu’on voulut l’arrêter et l’interroger. Alors on le suivit jusqu’à la porte de M. le Maire où il sonna à tour de bras. M. Jules se montra à sa fenêtre, encore tout ensommeillé. Il aperçut Roubion éperdu et descendit lui ouvrir. Trois minutes plus tard, ils ressortaient tous les deux et M. Jules avait l’air aussi terriblement affairé que le grand Roubion. Ils marchèrent à grands pas, sans répondre à personne, du côté du « Soleil Noir ». Une dizaine de villageois les y accompagnèrent, faisant des recrues en route. Mais tout le monde fut consigné à la porte de l’auberge, où le Maire et Roubion entrèrent par la grande voûte.

Presque en même temps survenait le bon docteur qu’un domestique du « Soleil Noir » était allé chercher. Le docteur Honorat pénétra dans l’auberge ; mais le domes-