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BALAOO

tique resta avec les curieux et les renseigna. C’est ainsi que l’on apprit à Saint-Martin-des-Bois que Blondel, le commis-voyageur, venait d’être trouvé pendu comme Lombard et Camus. Tout le village — ainsi continuait-on à désigner Saint-Martin-des-Bois, mais en réalité c’était un gros bourg qui avait pris un développement tout naturel depuis le passage de la ligne de Belle-Étable — tout le village fut bientôt devant l’auberge, emplissant la rue Neuve.

Pour éviter cette foule qui était maintenue devant la porte du cabaret par l’appariteur — le père Tambour, comme on l’appelait — les voyageurs qui avaient hâte de quitter l’auberge et le pays partirent par le derrière, du côté de l’école communale, et c’est par là aussi que sortirent le Maire et Roubion, trois quarts d’heure plus tard, se rendant, par un chemin détourné, à la gare où ils allaient attendre M. Herment de Meyrentin, le juge d’instruction de Belle-Étable.

Celui-ci devait arriver au train de six heures et demie, prévenu dans la nuit du nouvel attentat sur la ligne de Saint-Martin à Moulins. Les trains, jusqu’à la réfection de la ligne, n’iraient pas plus loin que Saint-Martin. En attendant l’arrivée du juge, le Maire et Roubion se promenèrent sur le quai, la tête basse, les mains derrière le dos, se communiquant leurs pensées d’une voix sourde, comme s’ils redoutaient d’être écoutés et épiés.

Sur ces entrefaites, arriva le docteur Honorat qui se joignit à eux, leur apprenant qu’il venait de faire accompagner Patrice, dont l’état ne donnait plus aucune crainte, chez son oncle le vieux Coriolis Saint-Aubin. Patrice était resté comme hébété, se contentant de