Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
BALAOO

Je me suis promené dans le jardin d’homme
Comme un de la race qui pleure ;
Mais personne n’a vu mes larmes,
Pas même celle pour qui je meurs.
Mais elle a entendu mon cœur
(Qui soupirait dans son malheur)
Et elle a dit à l’Autre qui levait le nez en l’air :
« Ce n’est rien, c’est le tonnerre ! »

Si j’avais mes doigts liés,
Mes doigts de mains de souliers,
Je dirais à Patti-Palang-Kaing :
« Patti Palang-Kaing ! Patti Palang-Kaing !
Garde tes palétuviers,
Tes bananiers, tes mangliers,
Puisque j’ai mes doigts liés,
Mes doigts de mains de souliers…
Patti Palang-Kaing !
Balaoo ne regrette rien !… »
Et je dirais à Madeleine,
Avec ma plus douce haleine,
« Madeleine, je veux,
Veux embrasser tes cheveux !
Si j’avais mes doigts liés,
Mes doigts de mains de souliers ! »

Hélas ! l’Autre a dit : « Je veux,
Veux embrasser tes cheveux »,
Et moi je ne dis rien
Et je lui lèche la main !