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BALAOO

— Alors, fichez-moi la paix avec les Trois Frères ! Est-ce que vous les avez jamais vus marcher la tête en bas ?…

Roubion et le docteur se regardèrent encore.

— Ah ! ça mais ! Qu’est-ce que votre juge d’instruction cherche donc ? Et que croit-il donc ? questionna le bon docteur Honorat, les bras croisés.

— Vous allez le lui demander ! répondit le maire.

En effet, le train entrait en gare.

La première personne qui en descendit fut M. Herment de Meyrentin. Il sauta sur ses courtes jambes et sembla rouler tout de suite vers les autorités qui l’attendaient. Il était rond comme une toupie. Il avait une bonne figure sympathique que réjouissait un petit nez en trompette, et aussi le sentiment de sa haute responsabilité dans toute cette affaire criminelle de Saint-Martin-des-Bois. Derrière lui, suivait péniblement son greffier, un long dégingandé vieux homme, tout habillé d’une immense redingote dans laquelle il boitait.

Le Maire, Roubion, le docteur étaient déjà sur le juge qui tourna deux ou trois fois sur lui-même avant de s’arrêter. Il ne leur laissa pas le temps de placer un mot. Il s’accrocha au Maire :

— Dites donc, monsieur Jules ! Vous ne m’aviez pas dit ça ! À ce qu’il paraît qu’il y a une dizaine d’années, on a trouvé tous les chiens pendus dans votre pays ?…

— Oui, monsieur le Juge, mais permettez-moi…

— Est-ce vrai ? oui ou non ?…

— Nous avons une grave nouvelle…

— Il n’y en a pas de plus grave que celle-là !… est-ce vrai, oui ou non ?…

— C’est vrai !…

— Et on n’a jamais su comment ?…