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BALAOO

douce et accueillante, et qui avait encore les yeux rouges d’avoir pleuré, s’interposa :

— Suivez-moi, monsieur le Juge…

Quand ils pénétrèrent dans la chambre, Patrice, en proie à un sommeil fiévreux, agitait les bras comme pour écarter une épouvantable vision et prononçait des paroles sans suite. Ils arrivèrent juste pour l’entendre s’écrier :

« Pitié à la maison d’homme !… Pitié à la maison d’homme ! Pourquoi m’as-tu appelé : Patrice ! »

M. de Meyrentin ne put se retenir de tressaillir.

Le docteur dit :

— Certes ! il vaut mieux qu’on l’éveille. Des songes pareils ne peuvent que lui donner la fièvre. M. de Meyrentin fit signe au docteur de se taire et écouta encore le sommeil du témoin. Mais Patrice ne fit plus entendre que des sons inintelligibles. De juge se retourna vers Coriolis :

— Vous n’attendiez pas votre neveu ? lui demanda-t-il.

— Il prétend qu’il m’avait envoyé dans la journée un télégramme, je ne l’ai pas reçu… C’est ce qui explique que personne ne lui a ouvert quand il est venu frapper cette nuit à ma porte.

— Greffier ! ordonna M. de Meyrentin, allez demander tout de suite à Mme Godefroy, la receveuse des postes, si elle n’a pas reçu un télégramme pour M. Boussac-Saint-Aubin.

Le greffier se sauva, en boitant dans sa longue redingote.

Et Patrice s’éveilla !

M. de Meyrentin attendait ce réveil avec impatience !