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BALAOO

ruelle, les mêmes traces de pas qu’ils avaient vues au plafond. Ces traces s’arrêtaient subitement, entre deux hauts murs sans porte ni fenêtre. Il était impossible de comprendre comment ces traces ne se retrouvaient nulle part !

— La farce continue ! ricana M. de Meyrentin d’un petit air entendu… Maintenant, allons chez M. Saint-Aubin.

Les autres avaient déjà raconté en détail à M. de Meyrentin comment on avait trouvé Patrice évanoui dans l’office, alors que, la veille au soir, il était entendu qu’il devait coucher sur le billard. Cette sorte de transposition des corps semblait intéresser fort le juge d’instruction.

L’oncle de Patrice, M. Coriolis Boussac-Saint-Aubin habitait la plus importante et la plus ancienne propriété du pays et aussi la plus retirée, à l’extrémité du bourg, presque sur la lisière des bois.

Roubion et le maire avaient pris congé quand M. de Meyrentin souleva le marteau de Coriolis. La vieille Gertrude vint lui ouvrir. Elle apprit à ces Messieurs que M. Patrice « reposait ». La bonne femme paraissait toute bouleversée. Le docteur la rassura. Coriolis survint, d’une humeur massacrante, secouant ses longs cheveux blancs, à peine poli envers le juge, se plaignant qu’on ne le laissât point tranquille avec toutes ces histoires, regrettant amèrement que son neveu fût venu le déranger à Saint-Martin sans sa permission.

— Je désirerais voir votre neveu, tout de suite ! fit M. de Meyrentin, agacé.

— Il dort.

— On le réveillera.

L’oncle lui tourna le dos. Mais une jeune fille de figure