Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
BALAOO

trême-Orient et dont, patriotiquement, il voulait doter la France. Ce n’était pas en vivant de cette sorte qu’il pouvait se créer des ennemis mortels. Si bien que Coriolis et les siens avaient pu traverser à peu près tranquillement toute cette affreuse période où le pays de Cerdogne ne vivait plus que dans l’épouvante. Il était persuadé qu’on ne lui ferait jamais de mal.

On, pour Coriolis comme pour tous les autres, c’étaient, bien entendu, les Trois Frères… ; mais il les comblait de ses faveurs… il ne leur avait jamais présenté la quittance du loyer de la masure qu’ils habitaient au bord du bois… et, comme le « manoir » où il vivait, lui avec Madeleine était assez isolé, il n’avait pas hésité à le faire garder par les trois vauriens. Ça, c’était un trait de génie. Le vieux Coriolis en riait encore dans sa barbe. Se faire garder par les voleurs !

— C’est plus sûr que par les gendarmes, disait-il à ceux qui s’étonnaient qu’il eût donné le droit aux Vautrin de se promener sur ses propriétés avec le fusil sur l’épaule.

Le vieux ne chassait pas. C’est comme s’il avait donné tout son gibier aux Trois Frères qui le lui auraient bien pris sans sa permission. Et il les payait, par-dessus le marché !

Mais il avait la paix et on pouvait dormir chez lui sur les deux oreilles !…

Et voilà que cet imbécile de juge d’instruction, qui ne connaissait rien aux mœurs de ce pays, prétendait qu’on avait voulu lui tuer son neveu !…

Il le fit lever, son neveu… et vivement, pour lui changer le cours des idées.

Il l’envoya au jardin où Madeleine l’attendait. Co-