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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/63

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CHAPITRE IV

l’albinos


— Je ne comprends pas ce que tu veux dire, Patrice… C’est un orage de chaleur, ajouta-t-elle, car on ne voit pas de nuages. On ferait peut-être bien de rentrer…

— Tu te rappelles que, la dernière fois que je suis venu, je prenais, avant de vous quitter, congé de vous sous la voûte. Ton père me dit : « Allons, embrasse-la ! » Je vais pour t’embrasser. Pan ! un coup de tonnerre, comme si la foudre était tombée sur la maison !… Et je n’ai pas pu t’embrasser… Ton père m’a littéralement jeté dehors en me criant : « Va vite ! Va vite !… l’orage. Cours à la gare !» et il m’a fermé la porte sur le nez… Dehors, il n’y avait pas d’orage du tout !…

— Oh ! fit Madeleine, en jouant négligemment avec une fleur qu’elle venait de cueillir, chez nous on n’y fait pas attention. Il tonne souvent, à propos de rien, du côté des Bois-Noirs. C’est la forêt qui veut ça. Papa dit que c’est l’électricité forestière.

— L’électricité forestière, je n’ai jamais entendu parler de cette électricité-là.

— Papa a voulu me l’expliquer, mais je n’y ai rien compris. À ce qu’il paraît qu’à Java, les forêts tonnent comme ça tout le temps… Écoute, l’orage s’éloigne… Entends-tu, Patrice ?…