entendre parfaitement et qui n’était point précisément pour le rassurer. Zoé et Madeleine se croyaient à l’abri de toute indiscrétion : mais la voûte ouverte du cellier renvoyait à Patrice les deux voix comme le cornet d’un phonographe :
— Je t’ai fait signe de venir pour que tu me dises la vérité, exigeait Madeleine… C’est Élie qui a fait le coup, n’est-ce pas ?
— Je vous jure, Mademoiselle, que je n’en sais rien. Si je le savais, je vous le dirais ! Je vous dis tout ; mais, ces choses-là, je ne les sais jamais. Ils se méfient de moi ! Ils me content bien leurs farces, à moi et à la mère… Mais, des histoires pareilles, personne n’en sait jamais rien, ni moi, ni la mère, ni les autres… Seulement, la mère, en apprenant la chose, m’a dit : « On raconte que le Blondel a été tué comme Camus et Lombard ; vois-tu, Zoé, j’ai peur que tes frères ne fassent des bêtises… »
— Tu vois bien, Zoé… après ?…
— Après… après… écoutez, mademoiselle, vous ne le direz à personne ?… c’est pour vous toute seule.
— Oui, oui, va…
— Eh bien ! hier soir… hier soir avant l’assassinat, Hubert est rentré furieux à la maison. Il jurait, il menaçait de mettre le feu au village pour faire taire tout le monde. Il arrivait du « Soleil Noir » où il avait eu des mots avec le Blondel. Tous les deux s’étaient jeté des mauvaises raisons à la tête… ça n’est pas la première fois… aux élections ils avaient déjà failli se battre…
— Hubert ne demande qu’à se battre avec tout le monde… ça ne signifie rien…
— Vous croyez ? Tant mieux, mademoiselle. Moi, il