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BALAOO

tremblante sur ses vieilles jambes)… il y a que je veux voir ce qu’il y a là dedans !…

Et il montrait de son doigt fébrile la bannette aux mains de Zoé…

Gertrude, qui était derrière Zoé, n’eut qu’à allonger le bras pour saisir la bannette. La jeune fille, qui ne s’attendait point à ce coup, poussa un cri et lâcha la bannette ; mais, auparavant, sa main, agile, avait ramassé la chaussette convoitée par Patrice ; et, comme à son autre poing, Zoé avait encore la chaussette de l’«Homme qui marche la tête en bas », Patrice n’eut plus le désir de la bannette elle-même. Il poursuivit Zoé qui courait autour de la table : Ah ! il ne riait pas !… l’autre, non plus !… Ils se regardaient comme des ennemis qui se souhaitent la mort et qui voudraient se la donner…

— Donne-moi ça, ragea-t-il…

— Non ! lui rejeta la petite, c’est à moi ! c’est de l’ouvrage à moi !… ça m’appartient… Prenez le reste qui est dans la bannette, si vous le voulez !… Je dirai à Mlle Madeleine que vous l’avez pris, voilà tout !…

— Pourquoi ne veux-tu pas me donner ça ?… cette paire de chaussettes que tu as dans la main… celle-là, je ne t’en demande pas d’autres…

— Parce que je vous dis que celle-là… c’est du travail à moi !… Je ne veux pas que vous alliez le montrer à Mlle Madeleine, bien sûr !… Elle me paie pour raccommoder les affaires d’ici ; elle me chasserait si elle savait que je passe chez elle mon temps à repriser les chaussettes et les bas de mes frères…

— Ah ! voyez-vous, la petite gueuse ! glapit Gertrude, suffoquée de cet aveu.

— C’est de la chaussette à tes frères, ça… ? interrogea