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BALAOO

Patrice qui essayait de se rapprocher sournoisement de Zoé…

Mais l’autre, se reculant :

— Bien sûr que c’est de la chaussette à mes frères…

— Eh bien ! donne et je ne dirai rien à Madeleine…

Mais il n’eut pas de réponse. Zoé se trouvait en face de la porte de la cuisine ouverte sur la cour. Elle s’élança dans la cour.

Il bondit derrière elle… Dans le noir, elle connaissait mieux le chemin que lui… On entendait, du côté du paradou, le bruit rapide et sourd des semelles de bois de Zoé sur le terre sèche. La petite était encore dans le domaine !… Il fallait l’empêcher d’en sortir… Sûrement, elle pensait à gagner la petite porte près du verger qui donnait sur les bois.

Patrice passa à travers tout, sans s’occuper du chemin, foulant les plantes d’un pied ailé, et il arriva à la petite porte juste pour voir Zoé qui la lui rabattait sur le nez, mais il la repoussa… Cette enfant ne pouvait être bien loin… Il l’aperçut, en effet, à une vingtaine de mètres… mais, pour la rattraper, ce fut une autre affaire…

Elle s’était débarrassée de ses galoches et courait pieds nus… Zoé, pieds nus, c’était un petit oiseau ; l’autre s’essoufflait bien inutilement… mais il voulait l’atteindre… c’était sa seule pensée… son seul but… Il ne réfléchissait pas qu’elle allait bientôt retrouver son gîte… se réfugier dans son trou, et que ce trou était celui des Vautrin devant lequel on passait généralement (quand c’était absolument nécessaire) sans faire de bruit et sans tourner la tête.

Zoé se rapprochait, en effet, de la masure redoutée, accroupie là-bas au bord de la route, avec son œil allumé dans la nuit, à la fenêtre…