Page:Leroux - De l'humanité, de son principe, et de son avenir, Tome 1, 1860.djvu/179

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d’autre idée que celle que présente le mot de société. ils voyaient l’homme, par sa nature, uni à un certain nombre de ses semblables, vivant contemporainement avec lui dans une cité. ils n’apercevaient guère le lien des générations entre elles, à travers le temps. Ils ne se doutaient pas non plus que ces états, ces cités, ces républiques, qu’ils voyaient existants, ou dont l’histoire leur avait transmis le souvenir, avaient une destination providentielle, qui se révélerait plus tard. En un mot, ils n’avaient aucun sentiment, même vague, de la vie collective de l’humanité dans un but final quelconque. Qu’arrivait-il ? C’est que l’imperfection de leur définition philosophique de l’homme réagissait sur l’emploi qu’ils pouvaient faire de leur définition psychologique. C’est ce qui égara Platon, comme je viens de le dire. Aussi peut-on affirmer que si des deux définitions de l’homme, l’une psychologique ou de l’homme abstrait, l’autre philosophique ou de l’homme à l’état vivant et concret, la première était connue dès l’antiquité, elle était moins connue pourtant des anciens que de nous aujourd’hui, précisément parce que la seconde ne fut jamais que soupçonnée des anciens, ou plutôt encore de quelques uns seulement, comme par un éclair rapide et qui s’évanouissait à l’instant même. Ces deux vérités, donc, se prêtant, ainsi que nous le verrons, j’espère, dans le cours de ce livre, un mutuel appui,