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LA CAVE
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Elle poussa un soupir de détresse à l’idée qu’elle avait pu consentir à enfermer entre ces murs pendant trois longues années, sa jeunesse et sa flamboyante beauté… et, courageusement, elle s’approcha de la porte du garage, introduisit dans la serrure l’énorme clef, fit un effort qui meurtrit ses mains délicates et enfin, avec un grincement, la porte céda.

Vivement, elle se glissa dans le hangar et repoussa le lourd battant.

Elle fut entièrement dans le noir.

Elle avait prévu le cas, et tira de son sac une bougie et une boîte d’allumettes.

Les gestes étaient sûrs, un peu saccadés, mais braves.

Et la lumière fut.

Autour d’elle, c’était un véritable capharnaüm. Des caisses, des malles, des paniers, de vieux meubles, des fauteuils à trois pattes, de grands vases ébréchés surgissaient tour à tour de l’obscurité à la lueur vacillante de la flamme qu’elle promenait d’une main qui tremblait à peine.

À travers tout cet encombrement, elle se dirigeait vers le fond, à droite, tournant autour des choses quand il était nécessaire, les écartant au besoin, les reconnaissant au passage.

Ainsi revit-elle le pauvre ameublement de noyer de leur salle à manger, et, du même coup, le morne désespoir où Jacques la trouvait plongée, le soir, quand il rentrait du travail et qu’elle l’attendait, les deux coudes sur