Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

tant d’être venue, trouvant sa conduite imprudente ou stupide…

Mais, ses yeux, peu à peu, se sont faits à la pénombre… ses yeux voient assez distinctement les murs aux carrés de maçonnerie dans lequel s’alignent les bouteilles selon les années et selon les vins… Jacques a toujours eu de l’ordre…

Maintenant, elle regarde le sol… ses yeux se fixent sur le sol… comme s’ils ne pouvaient pas s’en détacher…

Il y a, sur le sol de terre battue, une sorte de renflement là-bas qui ne lui paraît guère « naturel ». Si c’était vraiment cela, est-ce qu’il aurait l’imprudence de ne rien mettre dessus !…

Oui, certainement, là où la chose se trouve, il a dû mettre des caisses dessus !… peut-être là-bas, dans le coin, cet empilement de barriques vides et de vieilles caisses à charbon ?…

Elle ne va pas remuer tout ça, n’est-ce pas ?… C’est à peine si elle ose remuer elle-même !… Allons ! allons pourquoi est-elle venue ?…

Et soudain, elle pousse un cri terrible.

Elle a entendu remuer derrière elle.

Elle se retourne avec horreur :

« Qu’est-ce que tu fais là ?… »

C’est Jacques qui, follement, lui étreint les mains, lui brise les poignets et qui répète avec rage :

« Qu’est-ce que tu fais là ?… qu’est-ce que tu fais là ?…

— Jacques, Jacques ! supplie-t-elle… mais