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LA CAVE
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l’autre continue, farouche, lui brûlant la figure de son souffle qui halète :

— Tu es venue pour le voir, dis ?… petite curieuse !… »

Et il ricane atrocement… sa fureur le transporte… Fanny a soudain la terreur qu’il la tue, là, dans la nuit de cette cave et qu’il jette son cadavre à côté de l’autre…

« Mon Jacques !… Mon Jacques !… »

Il ne l’entend pas ! Il continue dans son accès de démence :

« Tu ne pouvais pas te passer de le voir, hein ?… Ça été plus fort que toi !… J’ai vu naître ton désir dans tes yeux !… Me prends-tu pour un aveugle ou pour un idiot ?… Depuis que la folle a prononcé le mot « automobile », l’autre soir… j’ai suivi, j’ai deviné toutes tes pensées… Je savais que tu voudrais voir, voir… voir où est passée la malle !… Il n’y a que toi qui avais reconnu la malle et tu aurais pu l’oublier !… Mais tu ne sais pas oublier… pauvre insensée !… pas plus que tu n’as su résister au désir de venir la voir !…

« Eh bien ! tiens ! ajouta-t-il, en la lâchant tout à coup, tu vas être satisfaite !…

— Qu’est-ce que tu fais ! Jacques ! Qu’est-ce que tu fais !…

— Je vais te la montrer, la malle !…

— Tais-toi ! Oh ! Tais-toi !…

— Et après, tu me ficheras la paix !… Hein ?… Tu ne reviendras plus ici !…

— Mon Jacques ! Je t’en supplie !…

— Tu vas la voir, je te dis !… »

Et le voilà qui, dans un coin, saisit une