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LE RÉCIT DE CAÏN
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murs de cette salle pourraient en dire long… Vous commenciez à ne plus m’aimer, Fanny, et moi je vous aimais toujours !… »

Il respira, attendit encore… Mais Fanny resta muette.

« — Alors, nous n’allons plus à Paris ? demandai-je brutalement à André, comprimant à grande peine la rage qui bouillonnait en moi.

« — Mais si ! mais si ! me répondit-il. Dans le programme, rien, apparemment, n’est changé !… Nous allons à Paris, je passe prendre quelques papiers dans mon appartement de la rue d’Assas et tu me conduis à la gare du quai d’Orsay où je prends mon billet pour Bordeaux. Nous nous disons ostensiblement adieu. Je monte dans le train. Tu remontes dans ton auto et tu viens m’attendre à la gare d’Austerlitz ; c’est simple.

« — Très simple, fis-je, mais la malle ?

« — Ah ! c’est vrai, la malle !… Diable ! je n’avais pas pensé à la malle !… Eh bien, écoute, on ne la voit pas la malle sous sa bâche… à cette heure matinale aucun facteur ne se précipitera pour la faire enregistrer… Du reste, je descendrai rapidement comme si je n’avais d’autres bagages que le sac que je porte à la main !…

« — C’est comme tu voudras ! fis-je…

« — Ça n’a aucune importance, la malle, ajouta-t-il encore… L’important est que l’on me croie parti, moi, voilà tout !… et que, pendant quelque temps, je ne me montre pas…

« Il resta, là-dessus, plongé quelques instants dans ses réflexions, puis il se mit à me parler