chaînes… Cette Marthe, cette Marthe, avec toutes ses stupidités, ne saura jamais, il faut l’espérer, comme elle a fait bondir mon cœur !… et puis l’histoire de l’automobile !… Ah ! celle-là !… Vous me pardonnez, maintenant, Fanny, d’avoir dépareillé le service de Bohême ? Alors, carrément, j’ai cru qu’elle me soupçonnait ! que c’était pour moi qu’elle parlait, et carrément, j’en ai pris mon parti, j’ai été assez brave pour dire ce que j’en pensais au docteur… qui, depuis… m’a rassuré… Marthe croit à l’assassinat d’André par son mari !… Ça me soulage, certes ! mais entre nous, je préférerais qu’elle ne crût pas à l’assassinat du tout ! car c’est affreux, entendez-vous Fanny !… d’entendre tout le temps parler de l’assassinat d’un homme que l’on a tué ! Et pourtant je ne suis point pusillanime !… si peu pusillanime, vous allez voir !… Donc, j’avais tué mon frère… je voyais son grand corps étendu à mes pieds sur la route. Le sang coulait de sa blessure, j’avais horreur de ce que j’avais fait.
« Mais c’était fait ! et maintenant il fallait que ce fût bien fait ! Vous avez pu juger plusieurs fois que je suis un homme de décision. J’eus le courage de constater froidement, l’oreille sur sa poitrine, que mon frère était bien mort.
« Qu’est-ce que j’allais faire du cadavre ?… Où allais-je le transporter ?… D’abord, je le tirai dans un taillis près de l’auto ; ainsi, il était caché de ceux qui pourraient passer, dans l’instant, sur la route. Il fallait faire vite !… J’eus l’idée de le porter dans l’auto et d’aller le