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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

« J’étais déjà plus tranquille, plus calme !… J’avais du temps pour songer à ce que j’allais faire du cadavre !… car déjà j’avais repoussé l’idée du plongeon en Seine comme devant donner un résultat trop aléatoire…

« Il fallait enfouir cette malle dans un endroit où personne n’irait la chercher !… et tout à coup, j’ai pensé à ma cave dans laquelle personne ne descendait jamais, que moi !…

« Dès lors, tout m’apparut avec une simplicité triomphante… J’arriverais avec l’auto. Si le chauffeur était au garage, je le prierais d’aller me faire une course urgente, je m’occuperais seul de la voiture, je monterais rapidement chercher la clef de la cave et je redescendrais au garage ; je tirerais la malle à moi et la traînerais jusque dans la cave ainsi que les effets supplémentaires. Là, garé de toute surprise, j’avais tout loisir de venir enterrer mon mort et son linge aux heures que je jugerais les plus propices.

« Quand cette imagination que je réalisai ensuite exactement se fut déroulée dans tous ses détails dans mon cerveau en feu, je devins calme… extrêmement calme comme un instant auparavant j’avais été accablé par l’horreur de mon crime !…

« C’était fini !… André était parti !… Et il ne reviendrait plus !… Et toi !… toi !… toi !… car c’est pour toi… Fanny… pour toi… alors, pourquoi ne me réponds-tu pas ?… Pourquoi restes-tu dans ton coin d’ombre comme une pierre ?… Tu sais tout !… Parle-moi !… Récompense-moi !… J’en ai besoin, tu sais !… car je