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LA MAISON DU BORD DE L’EAU
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« Oh ! que je suis contente !… contente de vous voir… Si vous n’étiez pas venus, je n’aurais pas pu attendre à demain pour venir chez vous !… Je me serais encore échappée, car vous êtes des amis, n’est-ce pas ?… Le Dr  Moutier me l’a dit… et puis, monsieur Jacques, il faut… chut !… attendez !… »

Elle alla écouter près de la porte… puis revint près d’eux, un doigt sur ses lèvres exsangues…

« Méfions-nous !… Méfions-nous de la vieille servante… Mais je pourrai maintenant toujours sortir quand je voudrai… car j’ai découvert ce matin que la clef du cellier ouvrait la serrure de la petite porte du jardin… Comme cela, je ne serai pas obligée de rester dans le kiosque, la nuit, perdant mon temps à lui tendre les bras, quand il vient… vous comprenez, j’irai le rejoindre… et il pourra me serrer dans ses bras, et peut-être m’emporter avec lui, chez les morts !… Je voudrais tant être morte maintenant qu’il est mort !… Oh ! j’espère bien que je n’en ai plus pour longtemps… Je vous disais donc, monsieur Jacques, et certainement Mme  de la Bossière sera de mon avis : « Il faut que vous vengiez votre frère ! »

« L’assassin de votre frère, ne peut pas continuer ainsi à se promener parmi les hommes sans que vous vous en occupiez un peu. Songez que je déjeune, que je dîne tous les jours avec lui, moi !… Je ne suis soutenue que par l’espoir, la certitude d’arriver à le confondre… c’est la prière que j’adresse à Dieu tous les soirs… et, la nuit, Dieu m’envoie André pour me donner