Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MAISON DU BORD DE L’EAU
125

— Vers quelle heure vient-il ? demanda Fanny.

— Ordinairement, vers quatre heures du matin, madame… Mais je me tiens prête à n’importe quelle heure, et je ne me lasse pas de l’attendre, maintenant que je sais qu’il vient ou qu’il peut venir… parce qu’il ne peut venir évidemment toutes les nuits, mais moi, je l’attends toutes les nuits… Qu’est-ce que je vous disais donc ? Après avoir abordé à cet endroit, généralement, parce que quelquefois il apparaît sans que l’on sache d’où il vient, simplement en se rendant visible tout d’un coup… Il vient en me tendant les bras… en silence… en silence… On n’entend pas le bruit de ses pas… on n’entend que le petit bruit de chaînes… dont s’accompagnent toujours, paraît-il, les pas des fantômes qui sont les captifs de la mort…

— Ma pauvre enfant ! Ma pauvre enfant !… interrompit encore Jacques… Où avez-vous lu tout ça ?… Où avez-vous rêvé tout ça ? …

— Mais laisse-donc, je t’en prie, Jacques !… fit encore Fanny avec humeur.

— J’ai pu croire que je rêvais… Mais maintenant je suis sûre qu’il vient, qu’il m’attend, qu’il m’aime toujours… assura Marthe, avec d’angéliques hochements de tête… Elle est bien à plaindre la pauvre chère âme avec sa blessure rouge à la tempe !… C’est évidemment sur moi qu’elle compte pour la venger… mais je suis si faible… si faible… je n’y arriverai jamais si vous ne m’y aidez pas !… »

Elle leur prit une main à tous les deux et la