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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/14

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

miné, Jacques, léger de toute sa jeunesse, de toute sa santé et de toute sa bonne humeur, traversa le vestibule d’un bond, escalada l’escalier monumental qui conduisait aux appartements du premier étage et frappa à la porte du cabinet de toilette où « madame » était enfermée avec sa femme de chambre.

« On n’entre pas ! » protesta une voix jeune et harmonieusement timbrée bien qu’elle affichât un léger accent britannique.

Mais Jacques dit :

« Vous savez que les Saint-Firmin sont là !

— Ça n’est pas possible ! fit entendre aussitôt la voix d’or. Le vieux notaire lui-même !…

— Et sa jeune femme, reprit Jacques !… Bien changée, la belle Marthe, vous verrez, chère Fanny !… Ils dînent ici ce soir !… »

Et l’annonce de la présence, cependant bien humble, d’un couple notarial parmi les hôtes généralement très mondains de la Roseraie, fit que la porte s’ouvrit sans plus tarder.

« Non, mais que se passe-t-il donc, darling ? » demanda Fanny en attirant son mari près d’elle.

C’était une très belle et très aimable et charmante et captivante personne que Fanny aux cheveux rouges, la femme de Jacques, et si drôle en ce moment avec une mèche flamboyante sur l’œil gauche et un étonnement si singulier dans l’œil droit et toute sa frimousse de lait et son cou de cygne, sortant de l’emmaillotement hâtif du peignoir de toilette…

« Ah ! my dear !… my dear !… »