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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/15

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JACQUES ET FANNY
3

Elle n’était pas Anglaise du tout mais tenait à en avoir l’air, qui lui allait très bien.

Elle se laissa tomber sur une chaise, et pria Katherine que l’on entendait à côté, dans la penderie, se battant avec l’armoire aux robes, de les laisser un instant. Un amour de femme de chambre, anglaise vraiment, traversa la pièce sur ses souliers légers, dans sa courte robe noire qu’égayait le petit tablier blanc garni de dentelles.

Quand ils furent seuls, les deux époux restèrent un instant silencieux, se regardant, et il ne paraissait point que ce leur fût là un spectacle désagréable.

Ils formaient un beau couple, comme on dit : grands tous deux. La taille de Fanny était fameuse pour le tango, et quand Jacques l’enlaçait, tel un amoureux sentimental qu’il n’avait cessé d’être, cela formait un groupe à inspirer un sculpteur, en quête de sujet pour pendules.

Ils ne cachaient à personne la satisfaction qu’ils avaient de s’aimer, surtout dans cet admirable cadre de la Roseraie qui semblait avoir été fait pour eux.

« Les Saint-Firmin !… mais par quel hasard ? demanda la jeune femme.

— Justement ! émit Jacques avec un sourire, dois-je attribuer leur visite à mes hazards ? »

Ainsi faisait-il allusion à cette partie du terrain de golf où l’architecte a accumulé les difficultés du jeu.

« Marthe ne manquait jamais une partie, du temps d’André, fit remarquer Fanny de sa voix claire et candide.