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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/157

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LE DANGER SE RAPPROCHE
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toujours être là !… On ne me laisse pas toujours faire ce que je veux !

« — Tu es donc bien malheureux, André !

« Alors, il me répliqua :

« — C’est le mystère de la mort ! On ne peut rien dire !… Mais viens !…

« — Où veux-tu donc que j’aille ?

« Mais il ne me répondit pas. Seulement, je sentis une main de marbre qui se posait sur mon poignet ! Jamais ! Jamais je n’eusse pensé qu’une main de mort fût si lourde.

« Et la mienne était si légère dans cette étreinte de pierre !

« J’aurais voulu résister que je n’aurais pas pu. Il m’entraîna dans le petit bois de trembles et me conduisit jusqu’ici, à travers champs.

« Seulement, son image blanche, à côté de moi, était devenue dans la nuit commençante, presque noire. Il ne me disait plus un mot. Il poussa la petite porte du parc et nous traversâmes le parc toujours en silence.

« Chose extraordinaire, j’étais intriguée, mais je n’étais pas épouvantée. Je le plaignais seulement à cause de ce qu’il m’avait dit et je pensais en frissonnant que le malheureux avait dû être tué en état de péché mortel.

« Nous ne rencontrâmes personne dans le parc, personne sur le perron, personne dans le vestibule… Le château était déjà à peu près plongé dans l’obscurité et bientôt je n’aperçus plus l’image, mais je sentais toujours la main.

« Les portes s’ouvraient devant nous, dans le noir… et se refermaient derrière nous. Je