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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

— Oui, ils étaient de bons amis, ajouta Jacques en ne cessant de regarder sa femme qui paraissait toute préoccupée.

— A-t-elle parlé de lui ?…

— Pas un mot ! mais le vieux, lui, après avoir approuvé, sans que je le lui eusse demandé, du reste, toutes les modifications que j’avais apportées au château et à ses dépendances, a trouvé le moyen de me dire, avec, le sourire que tu sais :

« — Votre frère André, quand il reviendra, ne le reconnaîtra plus ! »

À ces mots, Fanny sursauta :

« Notaire de malheur ! » s’écria-t-elle, et elle continua, dans une fureur charmante mais sincère :

« Ah ! ils en crèvent, petit tchéri !… Je vous dis qu’ils crèvent tous de jalousie, vous entendez, tous, tous ! Indeed !… Ah !… si André revenait demain, comme ils seraient heureux !… Avec quelle joie ils nous verraient retourner à Héron !… Eh bien ! on le lui rendrait son château, on le lui rendrait !… Ce serait bien dommage, n’est-ce pas petit tchéri ? bien dommage, je dis… un si beau château, si confortable… Mais vous seriez si content, vous, de revoir votre frère, mon Jack !

— C’est vrai ! répondit Jacques, d’une voix grave, bien heureux, Fanny !

Il faut pourtant vous faire à l’idée de sa mort, petit tchéri, si vous êtes raisonnable !… »

Elle avait dit cela presque cruellement avec