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LE CRIME DE Mlle HÉLIER
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riant à Jacques, pour un craquement… Est-ce que le craquement des meubles va nous effrayer, maintenant ? »

Il se crut assez fort pour plaisanter encore sur cela :

« D’autant plus, dit-il, que les fantômes, en marchant, ne font rien craquer du tout… »

Mais il n’avait pas fini sa phrase qu’un horrible cri réveillait tous les échos du château, un cri d’enfant qu’on égorge !

Ils se ruèrent vers la nursery pendant que le cri affreux se continuait en d’indicibles lamentations. Ils pénétrèrent comme des fous dans la chambre du petit François et trouvèrent l’enfant, sur son lit, debout dans sa longue chemise, ses deux petits poings à la gorge, avec une face d’épouvante…

La lune l’éclairait de ses rayons pâles, filtrés par la grande vitre de la nursery.

En même temps accourait Lydia, la fraülein, qui avait sa chambre à côté et qui était suivie de la petite Germaine et du petit Jacques, criant eux aussi à cause de ce bruit qui les avait jetés si brutalement hors de leur sommeil et de leur lit…

« Mon Dieu ! Qu’y a-t-il ? Qu’y a-t-il ?… » interrogeait Fanny pleine d’angoisse, tandis que Jacques faisait de la lumière, la main tremblante, l’esprit égaré…

Lydia s’était précipitée sur l’enfant, l’entourait de ses bras, se livrait à des manifestations touchantes de dévouement et accompagnait le tout d’onomatopées et d’objurgations alle-