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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Gouffé… Il y a huit jours, les journaux racontaient encore l’histoire d’une malle trouvée dans les champs avec un cadavre dedans… alors, c’est si naturel qu’elle nous ait sorti ça !… Sommes-nous bêtes !… Allons ! me voici tout à fait raisonnable… Tu es fatiguée… Non… Non… Tu vas me laisser tranquille… c’est moi qui veux que tu te couches maintenant !… que tu te reposes !… »

Mais elle secoua la tête :

« Je ne dormirai pas ! »

Il s’étonna à son tour :

« Eh quoi ? toi aussi ?…

— Que veux-tu dire avec ce « toi aussi ? » Vous pensez bien, petit tchéri, que je ne donne pas dans ces lubies, n’est-ce pas ?… Mais j’avoue que mes nerfs… oui, mes nerfs ne me permettent pas de dormir ce soir… c’est de votre faute à tous… »

Tout à coup, ils s’arrêtèrent de parler, car il leur sembla avoir entendu des pas dans le corridor… le parquet avait craqué, avait gémi, comme sous le poids d’un corps !…

Ils restèrent immobiles, l’oreille tendue, la gorge serrée…

Comme ils recommençaient à respirer, il y eut un autre craquement…

Fanny, cette fois, s’avança résolument vers la porte, l’ouvrit et regarda dans le corridor, éclairé d’une veilleuse dans une fleur de verre…

Elle ne vit personne, écouta encore, n’entendit plus rien et referma la porte.

« Sommes-nous stupides ! fit-elle en sou-