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LE CRIME DE Mlle  HÉLIER
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à l’horloge du château et les chiens aboyer…

— Pourquoi ne dormais-tu pas ?…

— Je ne sais pas, monsieur…

— Je le sais, moi !… » s’écria Lydia, avec une émotion qui n’eut, du reste, aucun succès, car on la fit taire…

« Et comment as-tu vu ton papa ?…

— Eh bien, j’avais les yeux grands ouverts comme maintenant… et tout à coup, je l’ai vu dans le rayon de lune… Il était grand, grand, et si pâle et si effrayant avec sa blessure à la tempe qui coulait… alors j’ai eu peur ! peur ! peur ! si peur que j’ai cru que j’allais mourir et j’ai crié !… et aussitôt que j’ai crié, je ne l’ai plus vu !… »

L’enfant avait dit ces choses avec un tel frémissement de tout son petit être que tous ceux qui étaient là en furent singulièrement impressionnés.

Jacques, en entendant l’enfant parler de la blessure à la tempe, s’était laissé tomber sur une chaise, les oreilles bourdonnantes… Fanny elle-même s’était appuyée au mur…

Il y eut un silence pendant lequel chacun semblait se recueillir.

Jaloux ne prononçait pas une parole. Il se bornait à étudier l’enfant qui s’était mis à pleurer en répétant ces mots : Papa m’a fait peur !

Le Dr  Moutier lui tapota doucement la main.

« Tu as eu un cauchemar, mon petit ami !… Un cauchemar, c’est-à-dire un rêve, tout simplement. C’est peut-être la suite d’un commencement d’intoxication… bien qu’il paraisse cependant n’avoir guère souffert du gaz… fit-il