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JACQUES EST MORT
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comme eux. Ici, nous étions tous en train de devenir fous ! Moi-même, je me sentais influencée. Je devenais comme vous, Djack : le moindre mot que je ne pouvais m’expliquer sur-le-champ prenait des proportions surnaturelles… c’est comme ce bruit dans le couloir, le craquement que nous avons entendu…

— Écoute !… Pour Dieu, écoute !… »

Il s’était dressé de nouveau, il lui avait saisi le poignet ; il la maintenait immobile pour qu’elle écoutât, elle aussi, et il paraissait plein d’horreur de ce qu’il entendait et de ce qu’elle n’entendait point.

Elle voulut le rassurer immédiatement.

« Mais je n’entends rien ! Jacques, je t’en supplie, calme-toi !… Je n’entends rien !… Il n’y a rien !… »

Il resta encore un instant, aux écoutes, puis sa main desserra son étreinte et Fanny retira son poignet endolori. Alors, il la regarda et elle fut épouvantée de l’horreur qu’elle lut dans ses prunelles, et il lui dit, dans un souffle :

« Tu n’as pas entendu un bruit de chaîne ? »

Elle secoua la tête.

« Un bruit de chaîne, continua-t-il, qui se traînait doucement sur le parquet ?

— Où ?

— Ah ! où ?… voilà ce qu’il faudrait savoir !… un bruit de chaîne qui se traînait autour de nous, quelque part !…

— Quelque part, dans ton oreille, Jacques !… dans ton oreille ! seulement dans ton