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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

le vulgum pecus scientifique aura de la peine à ajouter foi à la parole d’un monsieur vivant qui lui raconterait comment la mort est faite ! Et je ne serai pas fâché, outre mesure, après tout, qu’il se taise ! Notre opération n’en apparaîtra que plus sérieuse.

— Je me demande pourquoi, par exemple !

— Pourquoi !… parce que s’il avait répondu à vos questions précises sur le royaume de la mort, comme vous dites, et si nous avions répété vos questions et ses réponses… nous aurions passé pour deux fumistes qui abusent de la faiblesse mentale d’un malade. Ne suffit-il pas à notre gloire d’avoir fait revivre, par le truchement de la chirurgie, un mort ?…

— Non ! cela ne me suffit pas !… D’abord c’est vous qui avez fait l’opération !… Et je prends maintenant la responsabilité d’en tirer tout l’enseignement qu’elle comporte !… Je ne vous aurais jamais cru d’une pareille timidité !… Vous faites revivre un homme et vous vous éloigneriez de lui comme si vous veniez de lui raccommoder la jambe !… Mais cet homme que nous avons rappelé à la vie, vous entendez !… cet homme nous doit le secret de la mort !…

— Vous l’avez déjà tourmenté là-dessus et il ne vous a jamais répondu… J’ai peur qu’il ne devienne fou, je vous le répète, et que l’on nous accuse de sa folie… En tous cas, puisqu’il n’a pas encore parlé et que nous ne savons même point s’il se souvient de son état de mort !…

— Allons donc !… Il ne pense qu’à cela !…