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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

que lui infligeaient ces deux monstres de médecins, elle le sauverait des hantises de Marthe et des tables tournantes de Mlle Hélier et de tout… de tout… loin… loin… de… la malle !…

Au fond, elle était persuadée que c’était la malle qui était cause de toutes ces extravagances… la malle était trop près… son voisinage impressionnait tout… le château… le parc… tout le pays jusqu’au bord de l’eau, jusqu’à la petite maison du bord de l’eau…

Jacques devait, si près, en subir l’influence constante… et mieux !… l’attirance…

S’il allait quelquefois dans le garage, s’il descendait dans la cave sans qu’il y fût forcé par rien, par rien absolument de la vie extérieure… c’est qu’il ne pouvait résister au besoin de se rapprocher de la malle, de la sentir sous ses pieds, avec le cadavre…

Fanny comprenait cela, elle-même pensait bien souvent à la malle et, par instants, avait des envies surprenantes, inouïes, des envies qu’il lui fallait combattre avec acharnement, de retourner dans la cave… et de piétiner la terre, au-dessus du mort !

Eh bien ! ils s’en iraient loin de la malle, loin des brumes à fantômes, dans les pays chauds, à Naples, à Capri, à Sorrente, sous les orangers… Et ils redeviendraient forts… Là-bas, on ne craint pas les morts… On se promène parmi des tombeaux fleuris ; les morts sont les amis des vivants et les laissent bien tranquilles… ça n’est pas comme dans le Nord où ils passent leur temps à vous faire peur… Elle regarda Jacques. Il paraissait plongé dans