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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/202

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

vice de nuit en cristal. Il s’écrasa et se brisa sur le parquet avec un bruit inouï. En même temps, la jeune femme sentit un souffle glacé qui lui passait sur le front et dans les cheveux et la fenêtre s’ouvrit toute seule, d’un mouvement brutal qui rejeta la vitre contre le mur.

Jacques râlait, la porte de la chambre s’ouvrit, la garde-malade apparut épouvantée ; un peu de lumière venue du cabinet de toilette éclaira ce désordre et les deux docteurs parurent.

La garde ralluma la lampe malgré le violent courant d’air qui s’engouffrait dans la pièce.

Fanny, rendue à la réalité de ses sensations par le souffle même de la nuit qui l’avait affolée, se rendit compte que toute cette fantasmagorie se résumait dans le fait d’une fenêtre mal fermée qui s’ouvre sous la poussée du vent, et elle alla elle-même fermer cette fenêtre.

Quant à Jacques, rejeté au fond du lit, retenant d’une main tremblante les couvertures sous sa face ravagée par la terreur, il suppliait les docteurs de le débarrasser des morts !

« Faites que je ne les voie plus !… gémissait-il… pourquoi m’avoir retiré de la mort si vous ne m’avez pas sauvé des morts ?… Soyez tranquilles ! Soyez tranquilles ! Il y en a ! Il y en a !… Ah ! vous voulez savoir si je les ai vus !… Eh bien ! oui, je les ai vus !… Je les ai vus comme je vous vois, et je les vois encore !… La maison en est pleine !… et la