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UN SUJET INTÉRESSANT…
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forêt !… et la vallée ! Si vous croyez que les morts quittent les vivants comme ça !… Ils sont derrière toutes les portes !… Ils guettent à toutes les fenêtres !… Ils vous attendent dans le creux des chemins !… Vous ne vous en doutez pas !… Vous ne vous en doutez pas !… Mais je les ai vus, moi, pendant que j’étais mort, je les ai vus, penchés à l’oreille des vivants et leur soufflant des conseils terribles pour le bien ou pour le mal !… et les vivants ne s’en doutent pas !… Les morts conduisent les vivants par la main et les vivants ne s’en doutent pas !… Non ! Non !… s’ils savaient, ils se méfieraient !… Les vivants disent qu’ils ont des pressentiments !… Il n’y a pas de pressentiment ! il y a le souffle d’un mort dans l’oreille !… Il y a la main d’un mort qui vous conduit vers le bonheur ou vers la catastrophe !… car les morts… je vous le dis !… je vous le dis !… car j’ai vu cela, moi !… les morts restent incroyablement mêlés aux vivants… pour les aimer ou les haïr !… Il y a des morts terribles dont il est à peu près impossible pour un vivant, de se débarrasser !… Les vivants ont tort de ne pas regarder de plus près dans leur ombre !… Ils y verraient des choses que j’ai vues, moi !… et ils se méfieraient !… et les vivants seraient moins fiers de se promener dans la vie, assurément !… Ah ! je vous en prie !… messieurs les docteurs, je vous en conjure… chassez les morts !… chassez les morts !… chassez les morts !…

— Allez-vous-en ! Allez-vous-en ! Allez-vous-en !… ordonna brutalement Fanny aux doc-