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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

teurs. Vous voyez bien qu’il délire… Vous êtes des criminels… vous l’avez rendu à la vie pour le supplicier !… Vous avez torturé sa pauvre âme ! Allez-vous-en ! »

Et Fanny poussait les deux médecins spirites, en les jetant hors de la chambre, en les injuriant jusque dans le corridor…

Elle revint près de Jacques qui paraissait un peu calmé, et qui lui dit :

« Cela m’a fait du bien de me débarrasser de tout ça ! de tout ça que j’avais dans ma pauvre tête !… Crois-tu que je leur en ai dit ! Ma foi, je leur ai dit tout ce que j’ai vu, ni plus ni moins… J’ai eu bien soin de ne pas leur parler d’André… Ça ! je ne peux pas en parler !… Il faut garder ça pour soi tout seul, un remords pareil, à cause du petit Jacques qui n’est responsable de rien, le pauvre ange, et de toi, ma chère Fanny… »

Dans sa chambre, Moutier disait au professeur Jaloux :

« Mon cher ami, nous ne pouvons plus rester ici. Ce malheureux est peut-être fort intéressant, mais encore deux séances comme celles-ci et nous n’aurons plus qu’à le conduire à Charenton, sans compter que nous pourrions bien y rester nous-mêmes… Du reste, on ne nous souffrira plus ici, et autant que possible, il faut éviter un scandale que ne manquerait pas de déchaîner Mme de la Bossière si vous insistiez… De toute façon, moi, je n’en suis plus. Je vous dirai même que je ne suis pas exempt de remords… Enfin, songez que la Médecine astrale exige notre prompt retour à Paris…