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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/214

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

plus traitable. La dernière fois que nous l’avons vu, en effet, il était comme enragé et nous vous assurons qu’il ne nous a marqué aucune reconnaissance du service que nous venions de lui rendre !… Mais c’est un homme du monde ; aussi je suis certain que le moment n’est pas loin où il se rappellera ce qu’il doit à la science spirite en général, et à la chirurgie astrale du Dr Moutier en particulier ! »

Ici, l’orateur s’était arrêté pour permettre à l’auditoire de l’applaudir ; le gentil tumulte des petites mains gantées remplit à nouveau joyeusement la salle, cependant qu’une vieille demoiselle, que l’on écrasait littéralement dans un coin, protestait avec force, disant qu’elle n’était point venue là pour son plaisir et demandait la parole.

Les « Jalouses » outrées d’une pareille prétention, et lui criant que la conférence n’était point contradictoire, voulaient la jeter à la porte, mais la vieille demoiselle se défendait avec acharnement.

Le professeur à la mode finit par s’émouvoir d’une agitation aussi insolite et le Dr Moutier demanda très haut, sur le ton le plus sévère :

« Qu’est-ce qu’il y a ?… De quoi s’agit-il ? »

Alors, on entendit la voix aiguë, frêle et désespérée de la veille demoiselle que l’on écrasait dans un coin :

« C’est moi, docteur !… Moi, Mlle Hélier !… J’arrive de la Roseraie !… J’ai vu Mme Saint-Firmin… Le mort est encore revenu !…

— Taisez-vous !… On vous dit de vous taire !…