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FANNY ET LE JOURNALISTE
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très faible et la tête tout endolorie encore des méchants cauchemars qui, depuis quelques mois, m’ont poursuivie à la suite, justement, de ce triste état de ma santé. Si elle était venue me voir, aujourd’hui, par exemple, elle m’aurait trouvée mieux et tout à fait lucide, n’attachant aucune importance à de pauvres imaginations de mon cerveau. Mais Mlle Hélier, à qui j’ai eu tort de confier mes souffrances comme à une amie, est, si j’ose dire, plus malade que moi !

« Elle voit du surnaturel partout, et a donné à mes propos, peut-être sans s’en apercevoir, une forme qui pourrait surprendre… J’ai pu avoir des visions… ce qu’elle appelle des visions… ou encore des apparitions… mais croyez-moi, je ne les ai jamais considérées, quant à moi, que comme des rêves…

— Pardon, madame, interrompit le petit Darbois, mais est-ce que vous n’auriez pas dit que le cadavre de M. André de la Bossière était dans une malle ?… »

Marthe parut étonnée et un peu démontée par l’imprévu de cette question ; cependant, elle répondit presque aussitôt :

« J’ai dit cela comme j’aurais pu dire autre chose… On venait de retrouver un cadavre dans une malle, les journaux en parlaient… le Dr Moutier nous avait parlé de la malle de Gouffé… Tout cela avait fait impression sur mon esprit… je vous répète, monsieur, que ces choses n’ont aucune importance, et que je suis la première à en rire… Voilà, messieurs, toute l’histoire de mes visions… Je n’ai plus