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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/262

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Et aussitôt l’ombre ne put retenir une sourde exclamation. Cette porte qu’elle croyait trouver fermée était entr’ouverte.

La stupéfaction que lui causait ce détail imprévu d’elle dans le programme de cette nuit tragique, suspendit un instant la marche de Fanny sur le chemin du crime.

Cependant elle n’hésita point longtemps.

Elle se serait méprisée d’être venue jusque-là pour reculer… pour reculer devant une porte ouverte !… quand sa vie, sa fortune, l’honneur de son nom, l’avenir de son enfant, tout dépendait du geste à accomplir… un geste si simple… et qui demanderait si peu d’effort…

Elle réfléchit que cette porte pouvait être ouverte depuis des semaines… des mois… peut-être livrait-elle ordinairement passage à quelque domestique cherchant aventure au village…

Et, patiemment, pendant quelques minutes, Fanny attendit, tapie sous la futaie, l’oreille au guet. Elle n’entendit ni ne vit rien de suspect. Alors, elle jugea que le moment était venu de précipiter sa marche vers la petite maison du bord de l’eau, car l’heure s’avançait, l’heure à laquelle Marthe avait rendez-vous avec ses visions.

Elle sortit du parc sans avoir rien remarqué d’anormal et, par le sentier qu’elle connaissait bien, qui longeait la lisière de la forêt de Sénart, elle descendit jusqu’à la Boulaie.

À travers les arbres, elle apercevait maintenant, de temps en temps, les murs éclatants et nus de la villa éclairés d’une façon intermittente par la lune. Il y avait de gros nuages au ciel,