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CHAPITRE XXX

FUITE



Elle le reconnut à sa blessure à la tempe et aussi à toute sa figure visible dans le rayon de lune qui passait à travers les branches. C’était André. C’étaient bien ses beaux yeux qui semblaient encore avoir grandi et qui regardaient Marthe avec une tristesse infinie, c’était sa pâle et belle figure, si pâle, et qu’une souffrance surnaturelle semblait avoir encore allongée, bien qu’elle n’en distinguât point les contours perdus dans le flou de la nuit toujours humide et toujours brumeuse sur ces bords.

Il paraissait vêtu d’une sorte de manteau vague ou plutôt de loque incolore qui lui tombait des épaules et se continuait dans la vapeur du fleuve. Et il était assis sur le bord du vieux canot. Il ne voyait que Marthe.

Si Fanny, en apercevant le fantôme d’André, n’avait pas hurlé d’épouvante c’est que de sa bouche ouverte le son s’était refusé à sortir. Le cri d’horreur des vivants à l’aspect des