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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/267

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FUITE
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Mais il la regarda comme s’il ne la connaissait pas et s’éloigna rapidement dans un déhanchement monstrueux et grotesque toujours agitant au-dessus de sa tête l’une de ses béquilles et faisant entendre ce son sinistre, le seul que pût proférer sa bouche informe, son bec de lièvre hideux : « Hou ! Hou ! Hou ! Hou ! »

Elle toucha le mur du parc ; elle était presque chez elle. Elle venait de reconnaître cet être misérable, ce pauvre idiot, qu’elle avait fait soigner chez elle ; elle se souvenait qu’il n’avait pas attendu le lendemain de son accident pour se sauver comme s’il avait peur qu’on lui fît du mal… Enfin, ses oreilles ne lui chantaient plus la stupéfiante chanson des chaînes…

Elle se reprenait à raisonner et elle retrouva la petite porte, rentra dans le parc et regagna sa chambre par la porte basse de la Tour Isabelle…

Alors, quand elle fut dans sa chambre et qu’elle eut fait, autour d’elle, de la lumière, et qu’elle se rappela tous ses gestes et… et ce qu’elle avait vu… elle se dit qu’elle avait eu peur d’une ombre…