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LA PENSÉE DES DEUX ÉPOUX
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parc et pénétrer dans le château par la porte basse de la Tour Isabelle.

La cuisinière et Lydia haussaient les épaules en entendant de pareilles sornettes et elles avaient avec elles tous les esprits forts de la domesticité.

Fanny déjeuna seule, à midi, en lisant les journaux de Paris qui ne parlaient que du « monsieur qui revient de chez les morts ».

Le petit Darbois d’Excelsior avait tenu parole. Il publiait une excellente interview, remettant toutes choses au point et dépeignant la châtelaine de la Roseraie sous les plus agréables couleurs : elle était belle et intelligente, mais c’était une maîtresse femme qui n’aimait point les mauvaises plaisanteries. Aussi mettait-elle en fuite les fantômes, et à la porte, Mlle Hélier…

Après déjeuner, Fanny entra dans le bureau de son mari et passa une grande partie de l’après-midi à ranger des papiers d’affaires et de famille, et à chercher, dans les tiroirs, la grosse clef du garage qu’elle ne trouva pas.

Jacques l’avait emportée, comme il avait emporté la clef de la cave de Héron. Mais Fanny était bien décidée à faire sauter la serrure de cette cave et à la remplacer en sortant par un cadenas dont elle s’était déjà munie. Quant à la porte du garage, elle décida qu’elle demanderait à Ferrand (le gardien de Héron) de lui trouver une clef qui l’ouvrirait.

Un peu avant 4 heures, elle se fit atteler la petite charrette anglaise, et, conduisant elle-même, elle se dirigea sur Héron en faisant le